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La formation

Le renforcement des capacités des maraîchers et maraîchères dans les techniques culturales et la gestion économique des périmètres, est apparu dans toutes les enquêtes de terrain comme une condition du développement de la production maraîchère, activité d’amélioration de l’autosuffisance alimentaire et génératrice de revenus.

En s’appuyant sur l’expérience du Centre de Formation Professionnelle de Nioro-du-Sahel (CFP), qui avait ouvert en 2009 un chantier école sur les techniques de base du maraîchage et développé des ressources de formation notamment en agroécologie, le projet Augmentation de la production maraîchère par le renforcement des capacités des maraîchères et maraîchers est lancé en 2013, avec un financement du Conseil Régional d’Ile-de-France. Celui-ci a consisté à :

→ Construire un dispositif de formation articulant les formations théoriques et pratiques au jardin du CFP avec une mise en application des connaissances acquises et leur transfert à l’ensemble des maraîchères et maraîchers des périmètres concernés.

→ Restructurer le jardin du CFP en espace permanent de démonstration et de mise en œuvre des techniques avancées du maraîchage : le « jardin pilote ».

I – LE DISPOSITIF DE FORMATION

La formation a pour objectif de renforcer les capacités de production des maraîcher-ère-s par une meilleure maîtrise des techniques de maraîchage.

Les bénéficiaires de la formation sont choisi-e-s par les associations de maraîchage, en fonction de leurs capacités à faire évoluer les pratiques actuelles dans les jardins. Le nombre de participants est limité à douze, originaires de villages différents, par souci de rendre les groupes compatibles avec les principes d’une formation pratique et participative, de favoriser des échanges et des enrichissements mutuels.

La formation a lieu au jardin pilote du CFP de Nioro-du-Sahel. Elle est organisée en deux périodes de 5 jours avec une intersession de 6 à 8 semaines pour une mise en application des acquis de la formation. Période pendant laquelle le formateur effectue une visite dans le jardin d’origine de la/du bénéficiaire de la formation, pour évaluer les évolutions des techniques de production et les besoins complémentaires de formation.

Le dispositif de formation a été conçu par le formateur, selon un découpage modulaire, correspondant aux différentes activités. Les fiches pédagogiques ont été réalisées, selon un modèle de présentation adapté d’une méthode canadienne recommandée par le ministère de la Formation Professionnelle du Mali. Des fiches techniques destinées aux stagiaires complètent la documentation.

La démarche d’apprentissage consiste, en partant de l’observation de l’état du jardin pilote, à expliquer ce qui a été réalisé, les choix opérés (techniques, variétés, calendrier, etc.), étayer ces observations par des apports théoriques simples et faire réaliser par les stagiaires les travaux qui correspondent aux objectifs de la formation.

Les frais de formation sont à la charge des bénéficiaires et/ou de leurs partenaires.

Une convention préalable aux sessions, est établie entre le CFP, la commune, l’association de maraîchage, la/le stagiaire afin de préciser les engagements de chacun.

Evaluation du dispositif de formation :

De la mise en place du dispositif en 2015 et ses évolutions jusqu’aux sessions de 2018, les bilans des différents groupes apportent un certain nombre d’enseignements sur :  

A. La démarche pédagogique 

  • Les contenus de la formation sont une réponse adaptée aux besoins des maraîcher-ère-s qui ne maîtrisaient pas les techniques de base, telles que l’aménagement d’un espace cultural, la conduite d’une culture maraîchère, la protection des cultures. ; 
  • La démarche d’apprentissage par l’observation et la pratique des activités au jardin pilote permet l’ancrage des acquis qui peuvent être reproduits au village ;
  • L’impact de la formation sur l’évolution des techniques de maraîchage est à mettre au regard de la diversité des conditions d’exploitation des jardins et des problèmes récurrents à tous les jardins : eau d’arrosage, morcellement des parcelles, lutte contre les nuisibles…

B. L’organisation de la formation 

  • La diversité des origines des participant-e-s a favorisé les échanges de pratiques ;
  • La désignation des inscrits comme « référents » de leur village/association a eu pour impact, là où les conditions le permettaient, de favoriser la transmission des acquis aux autres exploitant-e-s ;
  • L’organisation en 2 périodes avec une intersession de 6 à 8 semaines apparaît comme un bon format ;
  • Les visites sur le terrain se sont avérées d’un grand intérêt pour 1) les formé-e-s dont la mise en pratique de leurs acquis et l’impact sur les autres producteurs ont pu être valorisés par le formateur ; 2) la mise en évidence de l’intérêt de la formation auprès des populations et des autorités communales.

A noter que le démarrage du dispositif a été retardé par les contraintes institutionnelles et  les formalités administratives,  notamment autour des inscriptions et du paiement des frais de participation à la formation.

C. Evolutions 2020-2021 du dispositif de formation

NB : De manière à rendre plus visibles le rôle et la place des femmes dans les activités de maraichage tout en simplifiant la lecture des paragraphes suivants, nous avons fait le choix de féminiser le vocabulaire utilisé. Ce choix se justifie également dans la mesure où plus de 80% des stagiaires participants aux formations sont des femmes.

  • Le programme de formation « Renforcement des compétences des maraîchères » initialisé en 2015, a bénéficié à une soixantaine de productrices chaque année, lors de stages successifs jusqu’en 2018

Fort de l’expérience acquise lors de ces formations, le dispositif a été reconduit en 2020 pour 84 bénéficiaires, par Essonne-Sahel et l’Ajukoby dans le cadre du programme 2019-2021 du ResEM.
Pour rappel, chacune des formations se déroule en deux sessions de 5 jours en continu au jardin pilote du Centre de Formation Professionnelle de Nioro-du-Sahel pour les apprentissages centrés sur les techniques culturales. Le temps de l’intersession de trois semaines, est destiné aux visites des périmètres maraichers des stagiaires pour évaluer les évolutions opérées grâce à la formation et les besoins complémentaires.

Les objectifs de progrès ont été concentrés sur quatre thèmes :
– Réalisation d’un compostage en tas ;
– Aménagement d’un espace cultural ;
– Conduite d’une culture maraichère ;
– Protection d’une culture maraîchère contre ses ennemis et les aléas climatiques.

Une véritable émulation s’est installée entre les stagiaires et avec le formateur, grâce aux échanges permanents via un groupe WhatsApp, qui prolongent les apports de la formation et créent une dynamique de professionnalisation des productrices.

L’accompagnement in situ a pour but d’optimiser la production locale par le renforcement des compétences des maraîchères des jardins ayant eu des participantes aux formations de l’année 2020-2021. L’action encadrée par le formateur du CFP et le jardinier professionnel du jardin pilote, se déroule pendant 4 jours dans le jardin des référentes (stagiaires 2020-2021 du CFP) où sont réunies les autres maraichères. L’accompagnement, sous forme de démonstrations, de mise en œuvre des techniques, d’échanges de pratiques, a un double objectif en simultané :  
→ Donner au groupe de maraichères un maximum d’informations sur les bonnes pratiques d’exploitation d’un périmètre maraicher enseignées au CFP de Nioro-du-Sahel ;
→ Doter les référentes des compétences de transfert des connaissances acquises en formation et d’animation de groupe pour qu’elles soient capables d’assurer la consolidation des savoirs techniques après l’intervention.

Sept périmètres maraîchers sont concernés :  Bambaguédé (commune de Troungoumbé), Diabé (commune de Sandaré), Tinkaré (commune de Diéma), Lakamané (commune de Diéma), Sylla Counda (Nioro-du-Sahel), Diapy-Madina (Koréra-Koré) et Simbi (commune de Simbi).
Un premier bilan de cinq accompagnements sur sept a démontré la pertinence de cette action, avec  :
– L’importance de l’auditoire : 30 à 40 personnes en moyenne avec à certaines séances plus de 100 personnes (Diabé). Aux productrices du jardin cible se sont jointes des personnes ressources (agent de développement), d’autres maraichères, des migrants présents au village, etc. ;
– La montée en compétences des référentes qui sont considérées comme des formatrices relais du CFP ;
– La reconnaissance par les autorités villageoises (maire, chef de village, conseillers, etc.) de l’importance du maraichage dans le développement agricole et des actions de formation.

D. Autres formations dispensées dans les cercles de Diéma et Nioro-du-Sahel en 2020

Le maraichage a été l’objet en 2020 de modules de formation de 2 à 3 jours, dans le cadre du programme 2019-2021 du RésEM.
Ces formations, sous forme d’exposés et débats, ont visé un public large, allant des élus aux producteurs. Elles se sont déroulées avec l’appui des techniciens et agronomes des services de l’agriculture de Diéma et Nioro-du-Sahel, et ont donné lieu à la production par les Centres de Ressources et de Formations à la Décentralisation (CRFD) de Nioro-du-Sahel (SYCOTEN) et de Diéma (UCD-Benso) de cahiers du participant.

Les thèmes abordés en formation :
– Techniques de production et de protection des cultures maraîchères,
– Techniques de conservation, transformation et commercialisation des produits agricoles.

Les contenus de la formation dispensée au CRFD de Nioro-du-Sahel du 22 au 24 janvier 2020, sont détaillés dans :
Rapport de formation CRFD de Nioro-du-Sahel, 2020.
Cette formation a été dispensée par deux consultants du Centre d’Experts et d’Ingénierie pour le Renforcement des Capacités (CEIRCAP) au CRFD. Ont participé des représentants d’associations, de coopératives et des élus, soit 95 personnes dont 45 femmes et 45 jeunes.

La formation dispensée par le Chef du Secteur de l’Agriculture de Diéma avec trois de ses agents et l’appui du secrétaire permanent de l’intercollectivité UCD Benso du 23 au 25 septembre 2020, a porté sur les techniques de conservation, transformation et commercialisation. Le public de 90 participants, dont 41 femmes et 53 jeunes, était composé de conseillers communaux et de producteurs.

Les cahiers du participant :
Cahier du participant, SYCOTEN, janvier 2020.
Généralités sur les systèmes et les étapes de la production maraichère avec fiches techniques détaillées (oignon, chou, tomate, gombo, pomme de terre, laitue, aubergine, etc.). On peut regretter que ne soient pas présentées des alternatives aux intrants chimiques (sauf le compost).
Cahier du participant, SYCOTEN, février 2020.
Les techniques culturales du maraichage avec une illustration par de nombreux croquis, dessins et fiches techniques détaillées, sur la même trame que celle du cahier du participant de janvier 2020.
G2 Cahier du participant, UCD Benso, septembre 2020.
Conservation, transformation et commercialisation des produits agricoles. Concerne tous les produits agricoles (céréales en particulier pour la conservation) avec un point détaillé sur les techniques de transformation des produits maraîchers

Dans la commune rurale de Sandaré, le chef du sous-secteur de l’agriculture accompagné du responsable du CAEB (Conseils et Appui pour l’Éducation à la Base), ont développé une approche formative par l’expérimentation dans les Champs Ecole Producteurs (CEP) de Samantara, Diallara, Wassamangatéré, Assatiémala et Koronga.

Le CEP est un lieu d’apprentissage par l’expérience (30 personnes), sur une saison culturale, de la préparation du sol à la récolte : une parcelle est conduite selon les pratiques habituelles des producteurs de la zone (“Pratique paysanne” – PP) et une autre parcelle, où sont expérimentés par les producteurs, la gestion et l’écologie de la culture, la gestion de la fertilité du sol, le rôle des insectes bénéfiques et la réduction des risques des pesticides. Des Etudes Spéciales peuvent être menées en fonction des problèmes identifiés par les producteurs.

Pour en savoir plus : Qu’est-ce qu’un CEP, E-S, 2021


II – LA RESTRUCTURATION DU JARDIN

Le Centre de Formation Professionnelle de Nioro-du-Sahel dispose depuis 2009 d’un terrain de 2500 m2 aménagé en périmètre maraîcher avec un puits à grand diamètre, dans lequel se sont déroulées des sessions de formation basées sur l’agroécologie (cf. lien avec CFP).

Sa restructuration a permis d’en faire un espace permanent d’expérimentation et de démonstration des techniques avancées du maraîchage, notamment l’arrosage traditionnel et le goutte-à-goutte (G à G) , la plantation de haies vives, la production de compost et les techniques de lutte contre l’évapotranspiration.

Le terrain a été réorganisé en 3 parcelles : une de 450 m2 avec arrosage « G à G » par réservoir central, une de 30 m2 avec arrosage « G à G » par fût individuel et une de 720 m2 avec deux bassins d’arrosage traditionnel.

La production de semences a été faite de façon dispersée sur la parcelle à arrosage traditionnel.

Au début, l’alimentation en eau se faisait à partir du puits, qui a, ensuite, été équipé d’une pompe raccordée au réseau électrique de la ville. Enfin, pour pallier le problème de tarissement du puits, un forage a été réalisé en 2017. Il alimente un réservoir de 5 m3  relié aux lignes de goutteurs pour la parcelle de 450 m2, au fût individuel de la parcelle de 30 m2, et aux deux bassins de la parcelle à arrosage traditionnelle.

L’exploitation du jardin est confiée à un jardinier professionnel confirmé sous contrat.

Il a en charge l’aménagement du jardin, la gestion culturale et financière de l’exploitation et la commercialisation des productions.

Il participe à la conception du dispositif de formation et assure les formations pratiques en lien le formateur responsable de la formation.

L’efficience du jardin pilote

Le jardin pilote présente un grand intérêt dans les formations par son environnement éducatif inspiré du milieu de travail des maraîchers de la zone nord de la région de Kayes. Avec ses équipements et son personnel il est au cœur du dispositif de formation, en permettant la mise en pratique des référentiels de formation et d’évaluation.

De 2015 à 2018, 46 stagiaires originaires des communes de Diema, Diabigué, Diayi Coura, Gavinané ,Gogui, Korera Koré, Nioro, Sandaré, Tougoumbé, et Youri, ont été accueillis au jardin pilote, pour une durée de 10 jours de formation.

 

La suite : Aménager un périmètre maraîcher

 

Etude des jardins maraîchers

Dès le début des partenariats avec les villages, des actions ponctuelles d’aide au développement du maraîchage ont été menées avec des dotations en semences, grillage, arrosoirs, etc. Avec les programmes PAPVD et PACEDEL qui se sont déployées de 1998 à 2012, l’appui à l’activité maraîchage s’est structuré. Dans ce cadre, une cinquantaine de périmètres maraîchers sont réalisés ou renforcés (bornage, clôtures en grillage, creusement de puits expérimentation du goutte-à-goutte,), avec appui à la structuration (création de coopératives et d’associations) et à la formation.

La diversité des approches, des contextes et des résultats a amené, en 2012, Essonne-Sahel, à commanditer une étude afin de mieux connaitre les besoins et les problèmes rencontrés, avant de lancer un nouveau programme de développement des capacités de production.

Déroulement

L’enquête d’évaluation des périmètres maraîchers s’est déroulée au cours du premier semestre 2012, dans trois zones géographiques : Diakon ; Diabigué – Nioro-du-Sahel – Koréra-Koré ; Lakamané – Sandaré – Diéma. Pilotée par un groupe de travail d’Essonne-Sahel*, elle a été réalisée sur le terrain par le Syndicat des collectivités du cercle de Nioro-du-Sahel (SYCOTEN).

*représentants des associations Ajukoby, CDJ Chilly-Mazarin, CDJ Limours, Les Amis du Jumelage de Marolles-en-Hurepoix, Solidarité Cachan Soroma, Trans Aide Draveil.

Les objectifs de l’étude :

  • Etablir un bilan des expériences de terrain ;
  • Identifier/analyser les forces et les faiblesses au niveau de chaque composante de maraîchage ;
  • Capitaliser les expériences réussies, les pratiques innovantes des acteurs ;
  • Proposer des axes d’optimisation sur les maraîchages en fonctionnement ou pour la création de nouveaux maraîchages.

Le périmètre de l’étude

L’enquête d’évaluation a concerné 34 périmètres maraîchers, choisis par les associations d’Essonne-Sahel*, principalement ceux réalisés dans le cadre du Programme d’Appui aux Projets Villageois de Développement (PAPVD), porté et piloté par E-S,  et du Programme d’Appui aux Communes et au Développement Local (PACEDEL).

Ces sont des périmètres d’environ 1 ha, sauf à Diakon où la majorité est inférieure à 0,5 ha, clôturés par grillage et/ou haie morte.

Documents de référence :     

Les conclusions de l’étude

Malgré un traitement inégal des informations recueillies dans les trois zones géographiques, il apparaît de façon récurrente les problèmes de :

  • disponibilité de l’eau,
  • formation,
  • clôtures,
  • approvisionnement en semences,
  • stockage et commercialisation.

Cette étude a permis d’identifier les actions prioritaires qui ont porté principalement sur :

  • La formation ;
  • Les moyens d’accès à l’eau et l’optimisation des techniques d’arrosage ;
  • Les techniques d’aménagement / organisation du PM ;
  • La conservation – transformation – commercialisation.

 

La suite : La formation

Aménager un périmètre maraicher

L’enquête d’évaluation des périmètres maraîchers réalisée en 2012 par Essonne- Sahel, a mis en évidence l’impact des programmes PAPVD (Programme d’appui aux projets villageois de développement) et PACEDEL (Programme d’appui aux communes et au développement local), portés et pilotés par E-S de 1998 à 2012.

Grâce aux différents aménagements, le développement du maraîchage a contribué à l’amélioration du bol alimentaire des familles et plus globalement à l’économie rurale.

Pourtant, sauf dans quelques lieux, il est fait état de problèmes récurrents de :

  • Disponibilité et accès à l’eau : nombre de jardins sont alimentés par des puisards ou des puits en mauvais état et sont abandonnés ; ailleurs, les débits sont limités et la saison culturale réduite à quelques mois,
  • Clôtures : des grillages en mauvais état complétés par des branchages sont souvent les seuls moyens de lutte contre la divagation des animaux,
  • Approvisionnement en semences : faute d’une organisation des achats, les coûts sont prohibitifs
  • Stockage et commercialisation 

Face à ces besoins, tout en s’appuyant sur les expériences passées et les organisations en place, la conception de nouveaux projets d’aménagement/réaménagement intègre aujourd’hui les fondamentaux de la conduite de projet et une approche systémique du périmètre maraîcher.

Celui-ci est considéré comme un agrosystème dans lequel les différentes composantes (ressources naturelles, réalités socio-économiques) et leurs interactions doivent être prises en compte, pour la réussite et la pérennité de l’exploitation.

Conduire un projet d’aménagement d’un périmètre maraîcher

  1. Réaliser un diagnostic global du village

Le diagnostic est un préalable à tout projet d’aménagement / réaménagement réussi et durable d’un périmètre maraîcher. Il porte sur toutes les dimensions hydrogéologiques, économiques et sociales, et leurs interactions au sein de l’agrosystème maraîchage.

Les points incontournables de faisabilité du projet :

  • Etat des lieux exhaustif des points d’eau (caractéristiques, fonctionnelles, utilisation), 
  • Agriculture et ressources alimentaires,
  • Santé et hygiène,
  • Education,
  • Economie (capacités d’approvisionnement, d’écoulement),
  • Faisabilité sociale. 

2. Vérifier la disponibilité de l’eau pour satisfaire le besoin d’arrosage

On évalue le besoin, pour un arrosage manuel, de 35 à 40 m3 par jour pour 1 hectare. Mais celui-ci peut-être plus important en fonction du nombre d’exploitant-e-s. La capacité du forage/puits doit être suffisante pour alimenter les bassins de puisage pour l’arrosage du matin.

Dans le cas de l’arrosage au goutte-à-goutte, en moyenne le besoin est divisé par trois ou quatre.

3. S’assurer du droit d’usage officiel du terrain

Le diagnostic doit avoir identifié la possibilité de disposer d’un terrain à proximité des habitations, c’est-à-dire à moins de 10 minutes de marche.

Pour assurer la pérennité de l’usage du terrain et de ses équipements, une attribution officielle est indispensable. Celle-ci relève de la compétence de la sous-préfecture si la superficie du périmètre maraîcher n’est pas supérieure à 1 ha. L’attribution du terrain est faite à la commune aux fins de périmètre maraîcher sans possibilité d’achat. Celui-ci est mis à disposition à l’association villageoise chargée de la gestion des équipements collectifs. Lorsqu’il n’y a pas d’attribution officielle, la parcelle est soumise aux règles du foncier traditionnel qui ne permet pas d’attribution définitive.

4. Etablir le parcellaire

Lorsque l’exploitation est individuelle, il est nécessaire d’établir un parcellaire. En considérant que les équipements, les allées, les haies vives occupent environ 15 % de la surface, un terrain de 1 ha peut être loti en parcelles de 60 à 70 m2, qui correspondent en théorie à 80 maraîchères. L’exploitation étant individuelle, l’attribution est faite par tirage au sort, comme à Lambangoumbou, où les maraîchères disposent d’une parcelle de 7,10 m x 9, 90 m soit 65,3m2. A l’usage, le nombre d’exploitant-e-s peut être bien supérieur.

5. Clôturer le terrain

Le terrain est clôturé par un grillage pour protéger les cultures de la divagation des animaux. La plantation d’une haie vive est vivement préconisée pour servir de coupe-vent, lutter contre l’érosion et l’évapotranspiration. Les essences sont choisies pour leur résistance à la sécheresse, leur croissance, leur efficacité dans la protection, la facilité d’entretien, et l’utilisation des feuilles et fruits dans de nombreux produits dérivés : l’acacia sénégal (le gommier), Le ziziphus mauritiana (jujubier), le prosopis spp, l’acacia seal ou acacia scorpoïdes, le zatropha curicas (pourghère).

6. Réaliser les équipements de pompage, de stockage et de puisage

Ces équipements doivent permettre aux exploitant-e-s de disposer de l’eau nécessaire au moment des arrosages quotidiens, de faciliter le travail de puisage, et cela le plus tard possible dans la saison sèche fraîche (avril).

  • Le pompage : de plus en plus, on a recours au forage avec pompage a énergie solaire qui alimente un bassin de stockage (20 m3 en béton armé, surélevé et couvert à Lambangoumbo, 2 bassins communiquant : 1 couvert + 1 à ciel ouvert à Awoïny)
  • La distribution dépend du mode d’arrosage :
      • En arrosage manuel des canalisations relient le bassin de stockage aux bassins de puisage, de dimension standardisée à 5 m3, répartis au plus près des parcelles
      • En arrosage au goutte-à-goutte, le bassin de stockage est surélevé pour donner de la pression dans les conduites (5m à Awoïny) qui quadrillent le périmètre et alimentent les lignes de goutteurs.

Le goutte-à-goutte permet de réduire le travail d’arrosage et le volume d’eau consommée, tout en prolongeant la saison culturale.

7. Accompagner les producteurs/productrices

Formation aux techniques de production : en plus des notions de base (compostage, semis, repiquage, lutte contre les ravageurs), insister sur la lutte contre le gaspillage de l’eau par l’utilisation de l’arrosoir et de la bonne quantité d’eau ; plantation et entretien des haies vives.

Appui à la dynamisation de la structure associative (gouvernance), organisation selon les compétences, responsabilités ;

Approvisionnement en semences : l’exemple des semences de pommes de terre est représentatif de la difficulté d’accès aux moyens d’approvisionnement (éloignement des zones de production et coûts élevés). Les producteurs ont le plus souvent recours à la technique des plants à partir de pommes de terre coupées, ce qui donne des rendements aléatoires. C’est ainsi que des maraîchers de la commune de Nioro-du-Sahel se sont lancé dans la production de semences, avec pour objectif de satisfaire la demande des périmètres maraîchers du cercle.   

8. Optimiser le calendrier cultural

Il y a encore quelques années, la saison du maraîchage commençait en octobre et se terminait en mars. Avec l’amélioration des techniques de maraîchage et l’accès à l’eau, la saison du maraîchage s’est largement étendue, pour aller dans certains cas jusqu’à l’année entière.

La prolongation du temps de maraîchage s’est faite grâce à :

  • L’amélioration des techniques d’arrosage avec l’arrosage localisé (le goutte-à-goutte). Ainsi, on peut poursuivre le maraîchage 3 mois après que le maximum de maraîchers a arrêté, en raison du manque d’eau et/ou de la chaleur élevée,
  • L’utilisation des variétés qui s’adaptent aux conditions de chaleur élevée (température qui s’élève jusqu’à 45° Celsius pendant en grande partie du cycle de la culture),
  • L’ensilage et le paillage pour réduire le taux d’évaporation, accentué par le vent chaud et sec des mois de mars, avril et mai. La clôture en haie vive plantée en quinconce, favorise aussi la création d’un micro-climat et protège du vent.
  • La diversification des spéculations (oignon, tomate, chou, laitue, carotte, betterave, pomme de terre, gombo, concombre, piment, niébé) et la recherche de variétés spécifiques pour les périodes de chaleur caniculaire du Sahel (de mars à juin). Ces spéculations sont très rentables économiquement en périodes de chaleur.

9. Développer les moyens de conservation, transformation et commercialisation

Qu’elles soient destinées à la consommation familiale ou à la vente sur les marchés, les productions maraichères doivent garder un état de fraicheur optimum dans la durée, pour éviter les pertes qui peuvent atteindre 30 à 40 % de la récolte. L’étalement de la consommation dans le temps permet de mieux assurer la sécurité alimentaire, de garantir les revenus de la vente par un meilleur écoulement des produits et de pallier en partie la surproduction.
Le module de formation « Conservation, transformation et commercialisation des produits agricoles » organisé par l’UCD Benso en septembre 2020, présente des « Techniques de stockage, transformation et commercialisation des produits agricoles », qui se veulent « simples, peu onéreuses et accessibles à toutes les couches de la population ».
On peut retenir :
– Des conseils pour effectuer la récolte : préférer le matin ; respecter des délais de maturation ; ne pas blesser le produit…;
– Le choix du lieu de conservation :  propre, frais et aéré ;
– Des techniques de séchage pour certains légumes : oignons, pommes de terre, tomates, carotte, gombo, piment… ;
– Des possibilités de transformation : conserves, confitures, jus…

Des vidéos projetées pendant les formations illustrent ces techniques : 
– Conservation de la tomate :


– Chambre de refroidissement de la tomate :


– Transformer la tomate en concentré et jus :


– Séchage des feuilles de chou :


– Faire des chips de mangue :

10.  Le maraîchage, une activité génératrice de revenus

Lors des formations in situ organisés en 2021, Moussa Sissoko, l’expert formateur du CFP de Nioro-du-Sahel, a valorisé le métier de maraichère, en estimant par une méthode simple et à la portée des maraichères, la valeur monétaire de l’activité maraichère dans chaque localité.
Pour cela on calcule la quantité du produit par le nombre d’unité, de pieds d’une culture ; par le nombre de tas de feuilles, de fruits, de tubercule etc., selon la localité pour une parcelle donnée. Puis, toujours selon les mesures de vente locale, on calcule la valeur monétaire correspondante. 
Un exemple : Pour une planche de laitue de 2,5m de long sur 1,2m de large, avec des écartements de 20cm x 20cm, on a 6 lignes de 13 pieds de Laitue. Ce qui donne 78 pieds de laitue dans une planche. Pour 10 planches on a 780 pieds. Le cycle de vie de laitue ne dépassant pas 1 mois on a 2 340 pieds en 3 mois.
Dans une localité où la laitue est vendue à raison d’1 pied pour 50 FCFA, en 3 mois une maraîchère qui a 10 planches de 2,5m x 1,2m en culture de laitue bien conduite avec 3% de perte peut gagner jusqu’à 2 269 pieds. 
En multipliant ce nombre de pieds par 50 FCFA, le prix d’un pied de laitue de la localité, la maraîchère gagnera 113 450 FCFA en trois mois pour la culture de laitue seulement. 

 

Deuxième atelier d’échange et de mobilisation des coordonnateurs de la coopération décentralisée au mali

Le Service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France à Bamako a rassemblé les coordonnateurs de la coopération décentralisée au Mali le mercredi 18 septembre à la Maison du Partenariat Angers-Bamako.

Pour la Coordination RésEM Mali, participaient : Aly-Badara SYLLA (coordinateur) et Samba DICKO (chargé d’appui technique).

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Réalisation d’un périmètre de maraîcher de 4 hectares dans la commune rurale de Lakamané, cercle de Diéma, région de Kayes au Mali dans le cadre du programme 19-21 du RésEM

Le périmètre maraîcher de quatre hectares appartenant à la commune par décision du préfet du cercle de Diéma pour le compte de l’association de femmes BENKADY est située en zone sahélienne dans la commune rurale de Lakamané (coordonnées 14° 30’ Nord 9 54’ Ouest/14.5, -9.9) avec une population du chef-lieu évaluée à environ 2 000 habitants. Le groupement de communes de Lakamané avec ses 17 villages et ses 15 000 habitants est situé en zone sahélienne à une distance de 350 kilomètres au Nord de Bamako et à environ 80 kilomètres à l’Ouest de Diéma. Continuer la lecture de Réalisation d’un périmètre de maraîcher de 4 hectares dans la commune rurale de Lakamané, cercle de Diéma, région de Kayes au Mali dans le cadre du programme 19-21 du RésEM

ajukoby – Mission à bamako

Pourquoi cette mission ?

Construire des projets de développement local ou d’action culturelle nécessite d’être toujours au plus proche des lieux de réalisation ou de création pour mieux comprendre, pour mieux appréhender ce que nous allons construire. Rencontrer nos amis de Koréra-Koré au plus près de chez eux pour échanger directement avec les utilisateurs/gestionnaires. Découvrir à Bamako des lieux et des acteurs de la vie culturelle et sociale ancrés dans la vie des quartiers. Rencontrer ceux qui bientôt se produiront au centre culturel Marcel Pagnol, préparer autour de leur venue un projet culturel avec le collège. Pour réussir tout cela, nous avions l’impérieuse nécessité de respirer le Mali, de voir, écouter, entendre, ressentir, échanger. Alors nous sommes partis…

– Ajukoby CR mission juillet 19