Lors de notre mission à Bamako en novembre 2017, nos partenaires nous avaient alertés sur la faiblesse des récoltes agricoles dans les cercles de Diéma, Douentza et Nioro-du-Sahel du fait, notamment, de l’installation tardive des pluies, leur mauvaise répartition dans le temps et dans l’espace, leur arrêt précoce, et les attaques des insectes et oiseaux granivores.
Aujourd’hui, en cette mi-janvier 2018, des informations plus précises nous parviennent quant à la situation dans les cercles Diéma et Nioro-du-Sahel, via les intercollectivités l’UCD-Benso (cercle de Diéma et le SYCOTEN (cercle de Nioro-du-Sahel). Le Système d’Alerte Précoce (SAP) et la direction régionale de l’agriculture, à travers les données relayées par les services locaux, jugent la campagne mauvaise à moyenne dans la région de Kayes.
Dans le cercle de Nioro-du-Sahel, le rendement agricole est faible et largement déficitaire dans l’ensemble des communes : 600 à 700 kg/ha contre 900 à 1100kg/ha pour une campagne normale. D’après les prévisions du service local de l’agriculture, l’autosuffisance alimentaire à partir des récoltes faites sera assurée pour une période de 3 à 6 mois.
Les communes les plus affectées sont : Gogui, Diabigué, Koréra-Koré, Baniré-Koré, Troungoumbé, Diarrah, Yéréré et Nioro-Tougouné-Rangabé.
Les prix des denrées alimentaires connaissent de fortes hausses. Exemple à Koréra-Koré : le sac de 100 kg de riz est à 25 000 FCFA contre 14 500 FCFA en année de bonne pluviométrie.
L’état physique des troupeaux est passable, mais au vu de l’affluence des animaux transhumants venus de la Mauritanie, la situation pourrait se dégrader. A noter également au niveau de la ville de Nioro-du-Sahel : une charrette d’herbe est vendue 7 500 FCFA contre 2 000 FCFA en temps normal.
Dans les périmètres maraîchers, excepté dans ceux fonctionnant avec un système hydraulique à pompage solaire, le manque d’eau se fait aussi sentir : de nombreux puits ont déjà tari.
Au vu des remontées d’informations et des recommandations du SAP, le Ministère de l’agriculture et ses services centraux envisagent à court terme la distribution gratuite de vivres et de semences pour venir en aide aux populations les plus touchées.
Dans le cercle de Diéma, la situation est tout aussi inquiétante. La période de soudure (mai à septembre) sera difficile si aucune mesure n’est prise. L’arrivée tardive de l’hivernage et les poches de sécheresse (19 à 25 jours sans pluie au mois d’août) ont considérablement réduit les emblavures et favorisé l’assèchement de certaines céréales (maïs, sorgho). La reprise des pluies en septembre n’a pas pu assurer le développement normal des spéculations. Les paysans comparent l’hivernage de 2017 à celui de 1984, année de la grande disette. Les greniers sont presque vides. Les céréales se font de plus en plus rares sur les marchés et à un prix très élevé. Le mil se vend actuellement à 750 FCFA le moud soit 250 FCFA le kilo contre 300 et 400 FCFA en année normale.
Le maraichage viendra en appoint pour -palier partiellement le déficit alimentaire. L’état des jardins est très satisfaisant et prometteur. Le réseau de spéculation maraîchère de Diéma a acheté cette année sur fonds propres 120 caisses de 25 kilos de semence de pomme de terre pour la somme de 3 000 000 FCFA. Les semences des autres spéculations sont disponibles à Diéma.
L’élevage n’a pas senti de façon considérable les effets de l’insuffisance des pluies. Toutefois la ruée des transhumants venant de la Mauritanie autour des grandes mares du cercle de Diéma et aux abords du Baoulé va certainement créer des problèmes de pâturage. Pour l’heure, les troupeaux parviennent à se nourrir mais dans 2 à 3 mois, cela sera plus difficile ; encore plus avec l’augmentation des prix des aliments pour le bétail.
Le service de l’agriculture du cercle de Diéma a produit un document « Plan de réponse – Campagne agricole 2017-2018 » afin de cerner les difficultés et envisager des solutions pour le bien-être des populations. En revanche, le commissariat exécutif de la sécurité alimentaire, dont le rôle est de venir en aide aux populations, ne s’est pas encore prononcé.